L'homme calcaire
Beauté de l'homme calcaire, de sa présence paradoxale, puissante et frêle à la fois, des os sous les notes de chair. Lionel-Edouard Martin nous ramène aux lèvres une légende, le souffle du temps, pour dire ce calcaire qui nous enserre. Pris dans la cage, pendant que ça mâche, vit, remue. C'est magnifique.
"Parce que, vois-tu, quand tu meurs, ce qui demeure de toi, c'est ce système d'ossements couchés dans la tombe, près des pierres souterraines, donc, en une sorte de continuité de substance, pour sans doute plus de simplicité dans l'ordre de la mort, tout os ayant puissance de pierre dans le lent mijotage de la terre et du temps - ce qu'on appelle fossilisation, qui demande des milliers et des milliers d'années pour aboutir." (Lionel-Edouard Martin, Lettre ouverte à l'homme calcaire, Le Réalgar, septembre 2016)
Collines
Et c'est ainsi qu'il resta sur le seuil, pétrifié, complètement inutile. Cet instant de sidération dura quelques minutes, avant qu'il ne reprît sa marche à travers les collines.
Perdre le nord
Et le voici qui, comme d'habitude, annonce la tempête par sa frêle présence contre le ciel, et menace de s'envoler en même temps qu'elle s'abattra sur le village. Histoire de bien faire comprendre que tout le monde ici a perdu le nord.
Simplement
Simplement un dessin d’enfant…
Fruits de mer
Aux forteresses, elle a toujours préféré la mer et ses mirages, une mer loin des naufragés et des poumons d'écume. Du sable pour des pieds potelés et des châteaux... Il y a ceux qui se reposent, les autres qui nettoient les ponts des bateaux à grandes eaux savonneuses, et plus loin encore, on ne peut pas les voir d'ici, des grappes d'humains sur des radeaux de l'Apocalypse. Et comme il faut un petit air de fête, il y a de la musique, un chanteur qui déraille, les tubes des années heureuses... Toute cette guimauve autour d'un plat de fruits de mer. Oui, elle préfère la mer aux villes fortifiées et aux montagnes, pour ces pas de danse qui vont toujours tout de travers. Elle, c'est Françoise. Je m'appelle Françoise, dit-elle à un inconnu, dents de travers sur un sourire niais, qui s'avance vers elle pour l'inviter à danser. Et vous?
Fête
Il fallait être sacrément de bonne humeur pour s'émerveiller de ces petites fleurs de papier confectionnées par les vieilles du coin. Fête de l'année. Quelques bricoles à vendre et puis cette chaleur qui fait trembler l'air... Et elle, perdue, se demandant une fois de plus comment sortir du décor. Mais pour aller où?
Evénement
Il fallait ça au moins pour qu'elle continue de rester dans la région. L'existence d'un cinéma, les images auxquelles se raccrocher, la torpeur presque foetale de la salle obscure... Oublier le monde...
Espace
Dans son désir de rentrée, sonnait quelque chose de franchement démodé. Son goût pour les bouteilles d'encre et les pages blanches, les livres neufs. Avec cette idée d'une récompense pour un travail bien fait. Tout cela l'habite encore, comme une possible réinvention de soi, à cause de cet espace fait par l'été au creux d'elle.
Arles
Toujours à genoux dans cette ville tant aimée qui me reporte des années en arrière. Venue là vérifier que tout est à sa place ‒ ou presque. Maisons restaurées, Van Gogh enfin dans une fondation, rêve d’une culture internationale... Audio-guides en sautoirs... Adieu Arles!
Poulies
...et fabrique à mots.