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Le blog de Clotilde Escalle
Articles récents

Préface de Pierre Jourde pour Toute seule (mon dernier roman paru chez Quidam éditeur, octobre 2021)

17 Octobre 2021 , Rédigé par Clotilde Escalle

Pierre Jourde m’a fait l’honneur d’écrire une préface à Toute seule, paru ce mois d’octobre 2021, chez Quidam éditeur. Je l’en remercie vivement et vous en livre un fragment.

« L’écrivain, l’artiste en fin de vie, la femme qui ne cesse de marcher pour simuler une fuite du réel, mais aussi pour le penser, véritable péripatéticienne au sens propre, pute et philosophe, constituent autant d’instances de la conscience qui se confronte au vide, et le détourne, l’oublie, l’occulte. Le vide est ce qui fait miroiter l’être. Ce scintillement fragile s’appelle le temps, la perte. La péripatéticienne, des trois, est celle qui va au plus près de ce vide, mais reste incapable de le dire. « Ontologie ou fraise tagada », dit-elle. « Ontologie ou pompe à essence. » Formules bêtes, mais celles des mystères d’Eleusis l’étaient aussi. L’être ne s’approche que de biais, dans l’insignifiance, la non-valeur. L’expérience peut coûter cher. Peu de livres en rendent compte avec une telle justesse. »

Pierre Jourde, extrait de la préface de Toute seule

 

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Toute seule

22 Août 2021 , Rédigé par Clotilde Escalle

"Toute seule", mon dernier roman, paraîtra le 1er octobre 2021, chez Quidam éditeur. Préfacé par Pierre Jourde – ce qui est un immense honneur.

 

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Les Oiseaux de traverse

20 Mai 2021 , Rédigé par Clotilde Escalle

          Clotilde Escalle

EXPOSE  du  22 mai à la mi-septembre 2021

 

« Les oiseaux de traverse »

 

 

à   La Galerie curieuse

 4, Rue du Pont - 58400 La Charité sur Loire

Ouverture les samedis et dimanches de 10h à 19h

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Les Oiseaux de traverse
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Ludwik Flaszen

25 Octobre 2020 , Rédigé par Clotilde Escalle

 

Ludwik Flaszen n'est plus. Immense tristesse.

Homme de théâtre, co-fondateur avec Grotowski du Théâtre Laboratoire, installé à Paris dans les années 80, dramaturge, metteur en scène, directeur d'acteur, Ludwik a su nous donner un espace infini. Celui qui ne correspond pas aux perceptions du spectateur, qui s'échappe de la paraphrase, à partir duquel tout est possible. Pour ceux qui, comme moi, dans des conditions privilégiées de travail, après de longues années sous sa direction à explorer les textes de la tragédie grecque, Shakespeare, Dostoïevski, Beckett, Michaux, ont décidé de ne pas être comédiens, Ludwik Flaszen a donné la pulsion organique, l'exigence, le dépouillement, toujours cet espace vide à partir duquel expérimenter. Notre rencontre m'a sûrement sauvée, elle m'a donné un cheminement cohérent, là où souterrainement ça grondait. Je lui en suis infiniment reconnaissante.

Paix à son âme.

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La peinture de René Moreu

6 Août 2020 , Rédigé par Clotilde Escalle

 

Aux sources de la peinture

 

René Moreu, né à Nice le 11 novembre 1920, est mort peu avant ses cent ans, le 16 mai 2020. Résistant dès 1940, fréquentant la Grande Chaumière, imprimeur, fondateur et illustrateur du journal illustré Vaillant, une grave affection le rendant presque aveugle, l’oblige à renoncer à la peinture. Il y reviendra une dizaine d’années après, grâce à la médecine. Sa vision étant tout de même très atteinte, il puisera depuis ses „ténèbres“ des fumerolles de lumière, des traces de couleurs, autant d’impressions tangibles d’un monde comme révélé.

Les traits, les volutes, les points de focale, qui rappellent parfois une ornementation byzantine, sont portés par un fond noir, un espace comme une nuit profonde, d’où surgissent multitudes de végétaux, de taches, comme la traversée d’un jardin et ce qui peut subsister d’une contemplation. Parfois les couleurs s’organisent en motifs, comme ceux d’un jardin potager, dans une abstraction colorée et gaie, sans hiérarchie ni perspective, le tout mis à plat. Il s’agit d’une palette de sensations, d’un abécédaire primitif, d’empreintes, d’une perception organique, essentielle. Un rappel à la vie. Un lacis de formes comme un long fil à délier, qui rappellerait également le processus de l’écriture. Ce fil se déroule dans Le Paradis des oiseaux (1995) comme une fresque impossible à boucler, un royaume enchanteur dans lequel nous sommes invités à nous promener et à y découvrir quelque merveilleuse volupté au détour d’une volute. La liberté déborde l’espace, il y a comme un bruissement, des frémissements, une surface plane comme vue à vol d’oiseau, grouillante de points de vue, dans un entrelacs de figures et de formes qui sont autant d’espaces où s’attarder, égaux les uns les autres. Une terre à parcourir. Nous sommes dans une osmose entre un espace intérieur, mental, perceptif, et celui de l’œuvre, une identification instinctive à ce que nous découvrons, que nous n’avons jamais vu nulle part ailleurs, et que nous reconnaissons pourtant. Une vision patiente et archétypale. La superposition des lignes, leurs rencontres fortuites, participent d’une écriture ancienne qui conterait justement ce paradis des oiseaux. La pulsation du regard, du corps, la vibration de la vie est là, projetée en nous par une luxuriance qui est celle des grands jardins, d’une nature intacte et donnée dans ce qu’elle a de plus pur – sans trace ou si peu de présence humaine.

Un chemin de lumière

Cette rythmique, nous la trouvons aussi dans les différentes manières de René Moreu, celles-ci se côtoient, comme justement dans un jardin où une nature ordonnée voisine avec l’herbe folle. Les longues lignes telles des étoiles filantes, dans Un petit vent, ponctuent l’espace de leur verticalité. Elles sont aussi fleurs au bout de leurs tiges, des rémanences de cette lumière si chère à l’artiste, si précieuse. Elles sont un chemin de lumière sur notre pupille. Et tout à côté, comme un enfant le dessinerait dans un élan, une tache colorée en forme de cœur, une éclaboussure de bleu, tout en haut, pour le ciel. Ces taches si rares, cette lumière, vibrent, tantôt dans des tortillons semblables à de la brume, à quelque chose de flou et qui a sa poésie, tantôt avec l’évidence et la force de ce qui tranche, la couleur, encore une fois surgie des ténèbres. Les lignes serpentines guident l’œil comme une musique. Tout est rythme et découverte. Ailleurs, d’autres motifs, plus ronds, tout aussi ludiques. Dans Variation pour un jardin n°4 (1998, série des Jardins), il s’agirait presque d’un alphabet, avec des légumes aux formes arrondies de lettres, et tout en haut, comme pour un jeu de marelle où il faudrait gagner le paradis, un oiseau. On peut également penser à une ouverture du monde telle que la pressentait Henri Michaux avec ses tribus. Ici, les clôtures ont sauté. Et René Moreu nous mène au ciel, là où de toute évidence tout s’équivaut, la lumière, la couleur et la forme, dans une organisation récréative. Comme l’écrit Jean Planche, dans le catalogue édité à l’occasion de cette exposition: „Le royaume dont nous nous réclamions sans qu’il soit vraiment besoin de le revendiquer, était enclos dans les limites d’un jardin. Pourtant il contenait sans contrainte l’immensité de la Merveille, cette vie végétale „jonchée de réminiscences“ où il était si bon de s’immerger, de disparaître.“

Les visions de René Moreu sont de celles qui prennent racine en nous au plus fort de l’indicible et d’une lumière primitive. Ces œuvres sont magnifiquement exposées dans les salles du Château de Ratilly, à la fois majestueuses et dépouillées. Elles intègreront pour partie, et selon la volonté de Catherine Laporte-Moreu, les collections du LaM, Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, de Lille Métropole.

 

René Moreu

Jusqu’au 31 octobre

Château de Ratilly – Centre d’art

89520 Treigny (Yonne)

www.chateauderatilly.fr

De notre correspondante Clotilde Escalle

(article paru dans le Tageblatt du 21 juillet 2020)

Visuel: Variations pour un jardin n°4 (1998, série des Jardins)

Photo: (c) Mario del Curto

 

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Votre masque !

26 Juin 2020 , Rédigé par Clotilde Escalle

C'était le temps des vide-greniers. On touchait à tout, on approchait du vendeur, on marchandait, on tombait sur de belles pièces parfois, de drôles de trophées. On partait avec des bricoles. On adorait ça, trouver l'objet bizarre, des étals étranges. J'en ai pris certains en photo. Et aussi les magasins fermés, définitivement, aux vitres opaques et aux bâches déchirées. Aujourd'hui je me propose d'aller farfouiller du côté des zones commerciales. Pour ces rideaux tirés définitivement. Sur la route des villes qui ont fini par se ressembler et où la seule distraction, en dehors des festivals et autres petits délices, demeure... le magasin. Fermé ou ouvert - votre masque s'il vous plaît!

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Le temps des contes

28 Avril 2020 , Rédigé par Clotilde Escalle

Quand j’étais petite, tu me racontais des histoires avant de dormir. Ce soir-là, nous étions en Espagne, c’était l’été, il faisait chaud, je devais avoir un maillot de corps et une culotte de coton. Je te regardais, penché au-dessus de moi, avec ce sourire amusé que tu affichais chaque fois que, délicieusement, tu t’apprêtais à me faire peur et que, tout aussi délicieusement, je venais me blottir contre toi. Tu me parlais du loup qui mangeait les petites filles. Tu savais très bien imiter le loup, tu écarquillais les yeux, découvrais les dents, et le cri que tu poussais – toute la maisonnée était calme – ressemblait, tellement j’avais d’imagination, au plus épouvantable hurlement qui aurait déchiré la nuit dans l’une des forêts du Grand Nord. Ce soir-là, je m’en souviens encore, voulant accorder à ma vision la grâce incontestée d’une réalité de fillette, j’ai vu un loup, à travers la vitre de la fenêtre, de dos, marcher, comme toi et moi, au bord de la mer. Il était habillé de rouge, et je crois qu’il s’agissait d’un rêve, car, malgré la nuit, je le voyais très précisément. En outre, je n’avais pas peur. Ce loup, tu l’as si bien fait exister que, à mon tour, auprès des petites filles, j’écarquille les yeux et je pousse des hurlements. Les petites filles frissonnent de terreur tout autant que moi, jadis, et me demandent, passé leur émoi, de continuer à faire le loup. Il revient les hanter, la nuit, comme un personnage familier des contes, qu’elles auraient appris à aimer, à approcher de leurs mains tremblantes et pourtant avides de caresses.

 

(Extrait de Petit Zéphyr, inédit)

 

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Rêver

4 Février 2020 , Rédigé par Clotilde Escalle

Forcément, parmi les livres, il fallait un portrait de la mère et l'enfant, même en médaillon, et dans les titres, le mot « chérie ». Elle y voyait le signe d'une réparation, d'un semblant de justice. Ensuite elle s'extasiait devant n'importe quoi sur les étals. Emplissait la maison de photos anciennes, d'inconnus, en noir et blanc. Parfois elle se réveillait la nuit en se disant, il faut que j'aille voir mon père. Les temps se mélangeaient. Et parfois aussi, mon Dieu, mais j'ai une sœur. Où est-elle? Puis elle se rendormait et tentait de la retrouver au fond d'un porte-monnaie.

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Famille

30 Novembre 2019 , Rédigé par Clotilde Escalle

Il en fallait pourtant, de ces jours rances, famille venimeuse, soupière du dimanche et gâteau à la crème. C'était ça ou la chasse. Et parfois une marche pour rien, pour se défaire du chagrin. Il fallait ce genre de famille, ces journées difficiles, pour avoir le courage de fuir. Le besoin d'un élan, d'une caresse, l'idée d'y mettre le visage entier, dans la soupière, et de le leur offrir.

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Pays

9 Octobre 2019 , Rédigé par Clotilde Escalle

Le velours des collines, auquel répond le dos duveteux des vaches. On les voudrait là pour toujours au lieu de l’abattoir. Au loin une ferme et sa dépendance au toit de tuiles écroulé, les arbres ont poussé là-dedans, éden minuscule enserré de murs épais, où se lovent vipères et couleuvres. Toujours un souffle frais, de l’herbe à laquelle accrocher le regard, l’orée d’un bois, l’eau de la source. Puis remonter vers les champs paillés, revenir lentement, en épousant les courbes du chemin, jusqu’à la maison, se retourner, emporter les étangs et le colza, jaune acide qui pique les yeux, le maïs et ses corbeaux, le cri des outardes, le soleil couchant crevant les nuages d’un rouge fuchsia insensé. Encore une fois. Les collines courent au plus loin du regard. Repérer la présence furtive d’un renard, un passage aussi bref qu’une hallucination. Peupliers mangés par le gui. Allons au bord du ruisseau échanger des baisers. De tendres baisers, comme dirait la chanson.

Puis les étoiles filantes. La nuit emplit la bouche de ses sorts, pleine lune, cils coupés, la mort souhaitée des uns et des autres, de la vengeance à petits moyens. De tout temps des poupées aux têtes bourrées d’épingles, comme si l’on pouvait hâter les destinées.

Étés trop chauds et hivers neigeux. Mais ça dure, c’est l’essentiel.

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